Celui à qui on pardonne peu aime peu

Au sein du conseil d’anciens nous voulons nous encourager à rêver l’église. Pour ce faire, nous lisons ensemble un livre récemment sorti : Une communauté irrésistible. Je ne résiste donc pas à vous en partager un extrait.

Dans Luc 7, une femme pécheresse lave les pieds de Jésus de ses larmes et les oint de parfum. Simon le pharisien, chez qui Jésus avait été invité, est horrifié par la scène. Jésus lui raconte alors une parabole pour illustrer que celui à qui l’on a remis une dette importante éprouvera  plus d’amour envers son créancier que celui à qui l’on a remis une petite dette. Il conclut par cette phrase : « C’est pourquoi, je te le dis, ses nombreux péchés ont été pardonnés : car elle a beaucoup aimé.  Mais celui à qui on pardonne peu aime peu »  (v. 47).

Ces paroles de Jésus saisissent l’autosuffisance du pharisien. Il était en effet persuadé que c’est son amour pour Dieu qui lui avait valu d’être pardonné par Dieu.  Au premier abord, on pourrait croire que c’est ce qu’affirme Jésus en déclarant « ses nombreux péchés ont été pardonnés : car elle a beaucoup aimé ». Mais Jésus dit l’inverse : « celui à qui on pardonne peu aime peu. »  Le pardon n’est pas la conséquence de l’amour. C’est l’inverse : le pardon cause l’amour !

Voilà le sens de la parabole de Jésus. …« Son amour n’était pas la base d’un pardon qu’elle serait venue obtenir, mais la preuve du pardon qu’elle était venue démontrer. » C’est la raison pour laquelle Jésus lui offre ces mots rassurants : « Ta foi t’a sauvée, va en paix » (v. 50).

Notre amour est proportionnel à notre compréhension du pardon. Voilà, pourquoi Jean déclare… : « Pour nous, nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier » (1 Jean 4.19). C’est le noyau iridescent et radioactif de la communauté surnaturelle de l’Église locale.

Le pardon surnaturel est le moteur de l’amour surnaturel.[1]

Ainsi, si nous avons du mal à nous motiver à servir le Seigneur, à prier, à aimer nos frères et sœurs, à transmettre la Bonne Nouvelle autour de nous (etc…), tous ces manquements ne viennent pas de notre paresse, de notre manque d’amour ou du don d’évangéliste que nous n’avons pas reçu. Le problème vient de notre manque de compréhension du pardon surnaturel que Dieu nous a accordé.

Qui peut croire qu’il a été peu pardonné ? Seul un pharisien repu de lui-même le pourrait. En réalité, nous avons tous été beaucoup pardonnés par Jésus. Apprenons donc à nous regarder dans le miroir de la Parole, pleurons s’il le faut, et réjouissons-nous de ce que nous avons beaucoup été aimés.


[1] Dever Mark, Jamie Dunlop, Une communauté irrésistible, Publications Chrétiennes, Trois rivières, 2021, p.47